Les derniers matchs de la sélection congolaise ont fait objet de beaucoup de critiques tant positives que négatives de la part des analystes, anciens footballeurs et amoureux du foot. Bien qu’ayant atteint son objectif, celui de qualifier la RDC à la CAN Maroc 2025, Sébastien Desabre et son jeu ne font pas l’unanimité.

Aussi, malgré les victoires et la première place récupérée au classement des éliminatoires du Mondial devant le Sénégal, l’équipe de Desabre ne met pas tout le monde d’accord. Mais pour le technicien français, ses plans fonctionnent parfaitement d’autant plus qu’il maîtrise bien la situation, malgré les abscences à certains postes.

Lors des victoires contre le Soudan du sud (1-0) et la Mauritanie (0-2), le sélectionneur des Léopards a tout fait pour faire respecter sa philosophie de jeu, allant jusqu’à se passer des latéraux droits de formation en manque d’expérience en sélection. Jeremy Ngakia et Brian Bayeye, qui ont respectivement remplacé Tuanzebe et Kalulu sur la liste, ont été laissés sur le banc.

À Kinshasa contre le Sud-Soudan, Desabre a, pour la première fois, joué avec un nouveau système de jeu avec 3 centraux, 4 milieux de terrain (dont deux pistons) et 3 attaquants. Ce système de jeu avec Théo Bongonda sur le flanc droit, soutenu par Silas Katompa comme piston droit, n’a pas totalement déséquilibré les sud-soudanais qui sont plutôt restés organisés, avec un bon gardien.

Comme depuis plusieurs matchs, La magie de Théo Bongonda a encore opéré sur une action individuelle pour trouver la faille. Non, ce n’est pas un numéro 10, Théo Bongonda. En sélection, il est plus utilisé à droit et grâce à sa technique, sa vitesse, il arrive à faire beaucoup de différences, même si, parfois, le geste de trop ne manque pas dans son style de jeu.

Le fameux 4-3-3 classique !

Depuis des années, l’équipe congolaise évolue avec un système de jeu bien connu par tout le public… Le fameux 4-3-3 qui par moment se transforme en 4-2-3-1 avec deux milieux récupérateurs et un attaquant de pointe. Ce dispositif exige d’avoir un animateur de jeu, le « numéro 10, meneur de jeu ».

C’est un profil d’un joueur techniquement au-dessus de la mêlée, créateur de jeu et facilitateur des passes décisives pour ses ailiers, surtout son attaquant de pointe. Il est généralement épaulé derrière  par deux autres milieux de terrain, l’un capable d’être une bonne sentinelle devant la défense (n°6, ndlr) et l’autre (n°8, ndlr) qui fait le relais entre la défense et l’attaque en passant souvent par le numéro 10.

Avec Desabre, c’est Gaël Kakuta qui répondait à ce profil et jouait ce rôle. Sauf que l’ancien milieu de Chelsea était rarement constant. Freiné par des blessures et son état physique, mais important dans l’animation de jeu comme lors de la Coupe d’Afrique des Nations en Côte d’Ivoire, là encore, il était blessé.

À l’époque où il fallait laisser l’animation de jeu à Kakuta, peu de gens pouvaient critiquer le jeu de Desabre puisqu’il était « séduisant », orienté vers l’offensive. Aujourd’hui, Grady Diangana ou Théo Bongonda peuvent jouer ce rôle, sauf qu’ils ont toujours tendance à s’excentrer sur le côté, n’offrant vraiment pas beaucoup de possibilités à la défense de sortir le ballon proprement au sol sans sauter des lignes.

La solution palliative selon Desabre !

Repositionné un peu plus haut dans le système de jeu de son club, Watford, depuis le début de saison, Edo Kayembe, pourtant milieu défensive de formation, s’est adapté et apporte beaucoup grâce notamment à ses facultés à défendre. Il sait récupérer le ballon haut, faire des passes décisives mais surtout marquer des buts.

En sélection, il joue désormais le même rôle. Sébastien Desabre a ajouté à son duo du milieu de terrain (Pickel et Moutoussamy), le joueur de Watford, dans le but d’étoffer ce secteur de jeu, et épauler la défense. C’est pourquoi les Léopards encaissent peu parce qu’il y’a une vague de joueurs à caractère défensif.

L’avantage de ce dispositif est que derrière c’est solide tandis que devant c’est parfois, ou souvent, peu flamboyant dans l’animation de jeu. La vitesse d’exécution, les attaques rapides et des caviars pour lancer un appel en profondeur d’un attaquant ne sont jamais garantis. C’est pourquoi les attaquants ont peut-être du mal à être trouvés dans le bon timing. Il y a par contre des attaques placées, souvent très lisibles, qui vont avec ce schéma de jeu à caractère défensif. Et même sur le banc, il a encore des jeunes milieux centraux défensifs comme Noah Sadiki ou Ngal’Ayel Mukau.

Mais qu’à cela ne tienne, le patron du staff technique des Léopards réussit à la perfection son plan de jeu, même lorsqu’il fait jouer Joris Kayembe comme latéral droit pour maintenir son équilibre défensif, basé sur l’expérience. Le but pour Desabre c’est gagné sans encaisser en retour. Il l’a souligné en conférence de presse d’après-match contre la Mauritanie, évoquant le fait que son équipe ait gagné ces deux matchs de mars sans encaisser le moindre but.