De Kinshasa à Marseille, en passant par la Belgique et le Portugal, Chancel Mbemba a gravi les échelons pour mériter son surnom de « Demi-dieu ». Le défenseur de l’OM est aussi fort sur le terrain qu’en dehors.
Il s’agit du parcours d’un jeune de Kinshasa qui a cru en lui et en Dieu. Un joueur qui s’est battu pour fouler la pelouse du Stade des Martyrs avec le FC MK, avant de passer un cap à Anderlecht et devenir le meilleur défenseur du championnat portugais avec Porto, puis enfin, conquérir le cœur de l’exigeant public de Marseille.
La meilleure recrue olympienne cette saison est cependant, avant tout, un homme ordinaire qui se veut comme tel. Un grand frère avant d’être footballeur, un mari avant d’être capitaine en sélection, un papa avant d’être un guerrier sur la pelouse. Il a su saisir sa chance pour se révéler aux yeux du monde, et ce, après un travail dur qui le caractérise.
Kompany, pour découvrir l’Europe

La Belgique est liée à la RDC. Si les racines de ce lien « sacré » remontent à l’époque coloniale, leurs ramifications ne cessent de s’étendre jusqu’à nos jours. Le domaine politique semble prendre le dessus sur cette « fraternité », mais c’est le sport qui l’emporte. De manière particulière, dans le football depuis des années, nous avons d’un côté des binationaux qui hésitent sur leur choix de sélection entre la Belgique et la RDC (nombreux ont choisi la Belgique), et de l’autre, des internationaux congolais qui envahissent la Jupiler Pro League (D1 Belgique).
L’un d’eux est Vincent Kompany. L’emblématique ex-capitaine de Manchester City, aujourd’hui entraîneur de Burnley, est l’un des mentors de Chancel Mbemba. Alors lorsqu’il débarque à Anderlecht en 2011, l’ancien de MK va vite s’intégrer et s’adapter grâce notamment au guide, l’ancien Cityzen. « En Afrique, Vincent est comme un modèle. Je me suis imposé là-bas (Anderlecht) grâce au grand monsieur Vincent Kompany. Quand tu regardes la famille Mauve, en défense, c’est lui le boss (…) Anderlecht est le club qui m’a donné l’opportunité d’arriver en Europe, la Belgique c’est mon deuxième pays » a révélé Chancel, dans une interview avec Alexandre Ruiz.
Mpoku, une relation plus spéciale

Parmi de nombreux Léopards qui ont fait la pluie et le beau temps des clubs belges, figure le nom d’un joueur qui a ébloui le public congolais de son talent complet : Paul-José Mpoku. Alors qu’il a joué avec Mbemba en sélection, l’ancien milieu du Standard de Liège gardera d’autres souvenirs. En effet, au-delà de faire partie de la génération mulunge avec le défenseur de l’OM, Mpoku a un œil regardant sur son compatriote en dehors du terrain.
Mbemba et Mpoku se sont rencontrés pour la première fois comme adversaires, dans un match opposant Anderlecht au Standard dans le championnat belge. Dans le même temps, l’un est le beau frère de l’autre : Melissa, la femme de Paul, est la sœur de Sofia, femme de Chancel. « Ma femme m’a dit : ‘pour accepter que tu viennes dans ma vie, je dois demander à Paul’. Paul lui a dit : ‘le gars là est un bledard, mais c’est un bon gars. » a confié Mbemba avec un sourire.
Avec son épouse, Chancel Mbemba a eu 4 enfants, et chacun d’eux a vu le jour dans l’un des clubs de Chancel : Anderlecht, Newcastle, Porto et Marseille.
L’épisode portugais, avant la surprise OM

Après un passage remarquable à Newcastle, Chancel Mbemba débarque à Porto en 2018 contre un chèque avoisinant les 5 millions d’euros. Au Portugal, le congolais va connaître son éclosion. Une réussite aux côtés de l’un des meilleurs défenseurs du monde, lui, triple champion de la coupe aux grandes oreilles et fraîchement venu du Real Madrid, Pepe. La concurrence est rude, le coach est dur. Sergio Conçeicao va placer le Léopard dans la réserve, où il s’entraîne une fois puis se blesse, avant finalement de faire ses preuves et rejoindre l’équipe première. « J’ai travaillé comme un fou parce qu’il fallait que je revienne. Le coach a cru en moi. Il m’a dit : “c’est bon Chancel, viens. Montre ton talent, tu vas jouer.”(…) J’ai beaucoup appris à côté de Pepe, il m’appelle ‘Maestro’ (rire), je lui dis non, je suis Chancel. Je le regardais à la télé quand il jouait au Real, mais là j’ai joué avec lui. »
À Porto, Chancel Mbemba a marqué les esprits. Il a réalisé une dernière saison pleine ponctuée par des grosses performances individuelles, qui ont évidemment contribué au sacre du club en Liga Nos et en Coupe. Solide derrière, efficace devant, Mbemba s’est extirpé de la concurrence pour s’adjuger le prestigieux titre individuel de meilleur défenseur du championnat. Les prouesses de l’ancien d’Anderlecht ne passeront pas inaperçues. Alors qu’il était en fin de contrat avec les Dragões, l’OM saute sur l’occasion de manière inattendue. « Je suis chez moi à la maison, je vois un numéro français qui m’appelle… ‘C’est le président’. Je dis quel président ? ‘Le président de Marseille. Je me dis waouh ! Le président de Marseille qui m’appelle ? Je n’y croyais pas. Il m’appelle alors en vidéo et me dit ‘J’ai besoin de toi’ (…) J’ai dit à femme, on part à Marseille bébé ».
Dans cette interview pleine d’anecdotes, Chancel Mbemba est aussi revenu sur la période glorieuse de la sélection, notamment la CAN 2015 où l’équipe finit 3e, en battant au passage le Congo-Brazzaville (4-2), dans un derby où le brassard lui avait été confié pour la première fois par Florent Ibenge. Un brassard que Chancel a dû rendre à Youssouf Mulumbu, alors blessé à ce moment.