La RDC a battu la Mauritanie (3-1) à domicile grâce à ses cadres, certes, mais est-ce suffisant pour conclure que les Léopards ont enfin retrouvé une âme ou faut-il évoquer un coup de chance ? Les points de réflexion dans cet éditorial…
Il est vrai que la RDC a joué pendant plus de 60 minutes en supériorité numérique (10 contre 11), mais cela n’était pas le fruit du hasard, car la Mauritanie avait été poussée à la faute.
L’origine du choc !
Même si l’équipe nationale est parvenue à se qualifier aux barrages de la Coupe du Monde 2022 avant d’être éliminée par le Maroc, ce groupe vivait avec la peur, elle avait perdu l’âme. Choquée depuis le match du siècle contre la Tunisie à domicile, lors des éliminatoires du mondial Russie 2018.
Ce soir-là, les Léopards étaient sur le point d’écrire l’histoire, avec une belle génération conduite par Florent Ibenge. Mais le coup de foudre a frappé la sélection à 11 minutes de la fin d’un match important où l’on menait par 2-0, avant d’être rattrapé coup sur coup (2-2).

Le choc était immense, l’année d’après (2018) a été marquée par une seule victoire (contre le Liberia à Kinshasa 1-0) qui a permis aux Léopards de jouer la Coupe d’Afrique des Nations 2019 en Égypte. Sauf que dans cette compétition, la RDC ne va gagner qu’un match (contre Zimbabwe 4-0), avant d’être débarquée par le Madagascar en 8e de finale.
La même année, Florent Ibenge quitte le navire, pointé comme responsable par plusieurs personnes, le chaos s’installe, Nsengi Biembe et Héctor Cùper ne sauront pas calmer l’hémorragie, malgré tous les moyens mis à disposition. Conséquences : pas de qualification à la CAN 2021, pas de qualification au mondial 2022, et début catastrophique des éliminatoires CAN 2023 avec deux défaites.
L’homme de la situation !
Pour ressentir la renaissance, il suffit de lire le temps et les circonstances. Après avoir raté le Mondial Qatar 2022, une crise silencieuse s’installe à nouveau, les cadres se retirent sagement, la Fédération et le ministère des sports se livrent en spectacle, le torchon brûle d’un moment à l’autre, le désordre ne dit pas son nom.
Il fallait attendre le mois d’août 2022 pour voir signer un certain Sébastien Desabre, qui démissionne de son poste d’entraîneur de Niort pour prendre les commandes d’une équipe de la RDC en pleine crise, et loin des résultats attendus.

Le français prend connaissance de toutes les informations autour de la sélection, le désordre et l’amateurisme y compris, il entame sa tournée africaine et européenne, va à la rencontre de quelques anciens internationaux, à l’instar de Gabriel Zakuani.
Il décide d’occuper la double casquette de sélectionneur-manager pour tout contrôler en commençant par la communication numérique de l’équipe nationale première. Il prend soin d’avoir un discours franc et direct avec les cadres en retrait, il met en place l’opération “séduction“, ramène les joueurs toujours snobés et démarre sa mission.
La métamorphose palpable….
En sept mois à la tête de la sélection, Désabre arrive à remettre chaque chose à sa place sur et en dehors du terrain, avant d’entamer même ses objectifs à long terme, comme convenu avec l’état congolais et la Fédération congolaise de Football Association à la signature de son contrat.
Le professionnalisme mis en place séduit d’un coup et transforme le groupe. Désormais, il se dégage une certaine sérénité, la confiance petit à petit, l’amour du maillot, le sérieux, beaucoup d’envie, mais surtout le plaisir de vivre ensemble comme une famille.

Les réactions des joueurs sur les réseaux sociaux peuvent en dire long. Sur terrain, ça se parle beaucoup, ils discutent ensemble et prennent plaisir à jouer ensemble. C’est ça qu’on appelle l’âme de l’équipe.
Alors oui, les Léopards retrouvent une âme, même si dans le jeu il reste encore des choses à faire tant défensivement qu’offensivement. Après, il ne faut pas oublier le pressing haut avec lequel les Léopards ont abordé la rencontre contre la Mauritanie jusqu’à pousser le défenseur à commettre une bourde sur Meschack Elia et être expulsé. Ce n’est pas fruit du hasard.
Maintenant, il faut garder le bon et travailler sur les faiblesses pour sortir de ce groupe I des éliminatoires, car tout reste encore possible et jouable. À égalité numérique lors du match retour, sachant que la Mauritanie jouera un jeu offensif, nous allons voir comment l’équipe de Desabre va se comporter avec son effectif aussi bien garni.