Douze longues années d’attente prennent fin. Sous la houlette de Guy Bukasa, la RD Congo signe son grand retour à la CAN U20. Portée par une nouvelle génération talentueuse et ambitieuse, la sélection espère non seulement marquer cette édition en Côte d’Ivoire, mais aussi poser les bases d’un avenir prometteur pour le football congolais.
Le sélectionneur des moins de 20 ans a brillamment qualifié son équipe pour la prochaine CAN U-20. Dans une interview accordée à CAF Online, il partage les ambitions de la RD Congo pour cette compétition, qui se déroulera en Côte d’Ivoire en avril prochain. Il insiste également sur l’importance de bâtir une continuité avec l’équipe A, en étroite collaboration avec Sébastien Desabre.
Après 12 années, la RD Congo retrouve la compétition de la CAN U-20 grâce au travail de Guy Bukasa qui devient le troisième entraineur à le faire. Il déclare : « Au niveau national, c’est un honneur de voir la RD Congo retrouver ce niveau, après plusieurs éditions sans participation. Tout Congolais est heureux de voir enfin nos jeunes compétir face à leurs homologues africains. »
Défaite face au Congo Brazzaville !
Le sélectionneur dit : « La vérité, c’est que cette catégorie est assez particulière, car cette génération n’a pas eu l’opportunité de jouer en U-17. Nos joueurs découvraient donc le niveau international en U-20, contrairement aux jeunes Brazzavillois qui sortaient d’une belle CAN U-17 et avaient déjà acquis une certaine maîtrise de la gestion de la charge émotionnelle à ce niveau. »


Des moyens à la disposition du sélectionneur
« Avec les moyens disponibles, nous avons essayé de réunir des joueurs au Maghreb, incluant quelques binationaux proches géographiquement. Nous avons organisé des stages contre des équipes plus expérimentées comme le Maroc et la Tunisie, qui nous ont invité à plusieurs reprises. Nous avons perdu ces matchs, mais ils étaient essentiels pour bâtir un groupe solide et reconnecter les jeunes à la fibre patriotique. Progressivement, nous avons réussi à créer une symbiose entre binationaux et locaux, forgeant une équipe soudée et consciente de son rôle dans l’avenir du football congolais. Ce travail de fond a permis de constituer un groupe solide et combatif à Brazzaville, prêt à relever les défis. »
La FEFOCA voit l’importance de la formation des jeunes. Les binationaux voient également l’importance de porter le maillot des Léopards !
Ambitions !
Le coach est clair, il ne veut pas s’arrêter à la phase de groupe. Il s’exprime : « Nous avons pour objectif de ne pas nous limiter aux trois matchs de groupe. Cela ne sera pas simple, d’autant que nous ne connaissons pas encore nos adversaires, mais nous allons travailler pour être meilleurs qu’à Brazzaville. Nous voulons nous qualifier pour les quarts de finale et, si Dieu le veut, aller chercher une place en compétition mondiale. »
Essor du football congolais !
Le Coach Bukasa est très content de voir l’avancée du football congolais, il dit : « Je pense qu’il y a une prise de conscience collective. Le pays traverse des moments particuliers, et chaque sélection se bat avec une motivation supplémentaire. Il y a aussi une montée en qualité de l’encadrement, que ce soit chez les jeunes, les dames ou l’équipe première. De plus, il y a aujourd’hui une meilleure coordination dans la gestion des différentes catégories, ce qui était moins le cas auparavant. Même sous le comité de normalisation, nous avons réussi à structurer un travail harmonieux. Chaque match devient une occasion pour nos joueurs de donner du plaisir à leurs compatriotes, notamment à ceux qui traversent des moments difficiles. »
Franche collaboration !
Les deux sélectionneurs Bukasa et Desabre échangent beaucoup. «Nous travaillons en étroite collaboration avec Sébastien Desabre depuis son arrivée. Nous échangeons régulièrement sur les performances des joueurs et essayons d’uniformiser les méthodologies de travail pour éviter qu’ils ne soient dépaysés en montant en équipe A. Cette coopération porte déjà ses fruits : plusieurs jeunes que nous avons intégrés à notre projet ont aujourd’hui rejoint l’équipe première. L’objectif est d’assurer une continuité, car l’équipe nationale est une seule entité, avec différentes catégories. Si un joueur excelle en U-20 et que le staff des A estime qu’il a sa place, il sera promu.»


Fusion réussie entre locaux et binationaux !
Ce n’est pas facile de mélanger des joueurs locaux et des binationaux. Guy Bukasa a su faire face à ça. Il explique : « Le mix entre locaux et expatriés s’est bien passé, car nous avons réussi à unifier l’équipe. Auparavant, nous avions tendance à fonctionner avec deux groupes distincts, mais aujourd’hui, tous se côtoient, vivent ensemble et poursuivent le même objectif. Il n’y a pas d’ego particulier, tout le monde se met au service de la nation. »
Guy Bukasa, l’homme aux multiples casquettes !
Ce rôle de coach pour les U-20 est très particulier, il demande de l’exigeance. « Aujourd’hui, je travaille avec les générations 2005-2006, une tranche d’âge particulièrement exposée à de nombreux signaux perturbateurs, bien plus que leurs aînés. Internet, les téléphones… toutes ces distractions peuvent avoir un impact négatif sur la performance. Heureusement, nous avons su adopter la bonne pédagogie. Ils savent que lorsqu’ils rejoignent la sélection, certaines choses sont interdites, et qu’en contrepartie, ils ont aussi des responsabilités à assumer. Chaque jour, je leur rappelle notre ambition : avoir des joueurs au Real Madrid, à Liverpool… Et cela passe avant tout par le travail et la réussite. Ils en sont conscients. Nous devons jouer plusieurs rôles à la fois : père, mère, grand frère, et parfois même grand-père. Mais le plus important, c’est que sur le terrain, nous sommes simplement coach et joueur, et chacun doit faire son travail. »
La CAN pointe à l’horizon !
Après les doubles confrontations face au Sénégal qu’ils ont disputées lors de la trêve de mars, ils enchaîneront avec un stage fermé juste avant la compétition, afin d’affiner leurs stratégies et d’arriver fin prêts au tournoi.
Une compétition qui amène à la plus grande compétition !
Cette compétition servira de qualification pour la Coupe du monde qui se déroulera au Chili en 2025. Une source de motivation de plus pour les Congolais. L’entraîneur déclare : « Évidemment, lorsqu’un tel challenge se présente, tout compétiteur veut le saisir et en tirer profit. Mais notre rôle, en tant que staff, est de canaliser les joueurs pour que cette ambition ne devienne pas une source de pression. C’est un défi difficile pour des jeunes qui n’ont pas encore l’habitude d’évoluer sous de telles exigences. Il nous revient donc d’adapter notre discours, de leur présenter les choses de manière à ce qu’ils restent focalisés sur chaque match, chaque performance, sans se laisser submerger par l’idée du Chili. Nous allons donc travailler à cadrer les esprits et à structurer les ambitions pour avancer étape par étape, avec méthode et sérénité. » Jusqu’où iront les Leopardeaux ?

